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Et dans la tête de l'orque ?

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Et dans la tête de l'orque ? Empty Et dans la tête de l'orque ?

Message par Elisha Dim 21 Fév 2016 - 19:03

Des pas qui se succèdent, au gré des embranchements aléatoires, elle atterrit en un marais. C'était au milieu de la nuit du 22 octobre, qu'un rugissement ignominieux retentit dans la calme clameur nocturne. Elisha s'était cogné le pied. Ne riez pas, même si la corne de l'orc est plutôt solide à cet endroit, mal placé, cela peut être douloureux (surtout avec un panaris...).
Une entrée fracassante (le pied va mieux), mais surtout, déconcertante. Entourée de grenouilles, à ne savoir qu'en faire, bûcheronne incapable de trouver un arbre à couper, cette contrée insolite paraissait bien au delà des compétences intellectuelles de notre chère verdâtre. D'autant qu'à son étonnement indicible, très vite, un elfe et une gnome, croisés au détour d'un chemin, se mirent à la presser. Il lui fallait de toute urgence, apparemment, rejoindre les plaines de Kigard. Pourquoi ? Elle n'en savait guère plus. Comment ? Drôle de question. Pourquoi ? Ah non... Toujours pas.
A ne pas savoir que faire, le plus reposant reste d'écouter les dires de ceux qui glapissent fortement. Elisha, avait tendance à ne pas trop mal se débrouiller de ce côté-ci. Mais, soit, les plaines ? Pourquoi pas.

Tout cela nous ramène à nos grenouilles. ces sales bestioles qu'une orc, même dans sa plus vigoureuse jeunesse, ne peut guère estourbir d'un seul geste. Quelle grave injustice de la nature ! Ô colère champêtre de l'Elisha capricieuse ! Ô forêt maudite qui longuement gardera la trace des injures vomies dans le feu de la hargne ! Ô toi, oui toi, qui malheureusement te trouvais trop près, et reçus un robuste postillon.
Non vraiment, ce marais n'était guère prévu pour accueillir cette orc. Trop de grandeur en elle pour s'abaisser à la conquête de la pusallinité de l'environnement. Et ce comptoir, indiqué dans un coin, qui se trouvait en fait derrière des arbres millénaires ! Et ces arbres millénaires, justement; principale espèce, et impossibles à couper ! La bûcheronne n'en revenait pas, émoussant sa hache sur les troncs intrépides, et rageant de ne trouver cette fameuse planche de bois nécessaire pour rétablir son honneur et maîtriser son métier.

Non vraiment, les plaines ? Pourquoi pas. Quitte à être supérieure en tout, autant l'être dans un environnement un peu plus hostile, où la valeur est à prouver.
Plaines de Kigard, méfiez vous.
Elisha arrive,
et elle a le gaz plutôt malodorant
.


Dernière édition par -Elisha- le Dim 21 Fév 2016 - 19:27, édité 1 fois
Elisha
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Message par Elisha Dim 21 Fév 2016 - 19:06

Où l'on verra que l'orque sait se remettre en question





Comment vous décrire la stupeur de la créature, qui entrant dans le tronc d'un arbre, se retrouve ailleurs, dans les plaines de Kigard, et qui plus est, devant une poule. Une POULE ! Cette créature merveilleuse, savoureuse, inoffensive, lente, bref : Le gibier idéal pour l'orc fatigué. Stupeur, mais aussi tremblements, d’excitation, d’envie, de faim. Après avoir passé des jours interminables à se nourrir de grenouilles, enfin un menu digne de ce nom, à portée de main !
Non franchement, vous vous imaginez? Un ORC ? Puissant, cruel, sanglant, féroce quoi ! L'orc versus la poule : Le dénouement du combat vous semble simple à la dérision ? A elle aussi… Et pourtant… Pourtant… Et non, elle n’a pas tué la poule...

Mais pour plusieurs raisons hein, rien à voir avec une quelconque faiblesse de bras, je vous en assure, Déjà, la poule est sournoise, elle se déplace à contretemps de l'orc, et lorsqu'on croit qu'on l'a attrapée, elle bondit en battant des ailes, et ne s'arrête guère que cent mètres plus loin. C'est une créature vicieuse qui joue avec vos nerfs, vous fait croire qu'un repas vous attend, et s'amuse à le repousser encore et encore... De plus, cette petite merdeuse de gallinacée, prend un MALIN plaisir, à aller dans la direction opposée à celle que vous deviez emprunter. Et au moment, au MOMENT, où vous vous apprêtiez à vous résoudre à faire un détour plutôt conséquent... Une autre poule apparaît.

Magnifique. Odorante. Dodue. Le regard pétillant. La croupe rebondie. Un sourire enjôleur au coin du bec... Oulala...

Bref, une poule. Et celle-ci, se trouve pile poil, sur votre chemin ! Apparition divine, allelujahs bref, l'orc, se réjouit. Pour longtemps...? La réponse, vous pouvez aisément la deviner. En effet, la poule, malicieuse créature feignant admirablement la stupidité la plus complète, profitera de vos transports émotionnels, pour piétiner définitivement votre sang-froid et votre ego (et chacun sait, pourtant, que l'orc ne perd jamais le contrôle de ses nerfs !).
Comment ? C'est bien simple... La première, PROFITANT de votre éloignement, s'amusera à ne PLUS BOUGER !! La seconde, une saleté de petite garce immonde et pourrie, commencera à se déplacer de sorte que, si vous la suiviez... Vous perdriez de nouveau votre objectif de vue. Mais, après un nouveau détour, JOIE, vous l'attrapez, lui collez une sévère baffe... Que cette malicieuse raclure de chiotte évite, avant de joyeusement bondir en dehors de votre vue.

OUI ! La poule est une créature ignoble. Manipulatrice. Calculatrice. Qui feint la faiblesse d'esprit et cherche à dominer le monde. Elle crée autour d’elle le chaos et le désordre, pulvérise de ses ailes les conventions de l’univers, et assoit d'un caquètement le désarroi de toute créature. Maudite race ! Que tes poussins soient damnés pour l'éternité, fléau ! Tu n'es qu'une exécration de la vie. Un blâme de la création.

L'orc, lui, est grand, fort, puissant. L'orc ne peut rien face à la poule. Ceux qui diront le contraire sont des menteurs, des chiens, et ils méritent que leur sépulture soit souillée pour l’éternité.
De tous les orcs, Elisha est la plus grande, la plus forte, la plus puissante. L'histoire de cette poule, ne prouve pas sa faiblesse, mais au contraire, qu'elle mérite les éloges des plus grands. Elle a bravé l'affront de la Poule, elle a sauvagement gardé sa fierté, elle a renié ses instincts d'Orc pour éviter le piège fourbe de la gallinacée perverse. Oui, de toutes les créatures, les orcs sont les meilleurs, et de tous les orcs, Elisha est la meilleure, elle en est persuadée. Ceux qui diront le contraire sont des menteurs, des chiens, et ils méritent que leur sépulture soit souillée pour l’éternité.


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Message par Elisha Dim 21 Fév 2016 - 19:07



Où l'aventure s'enhardit... Ou pas






De baroudailles en baroudements, il faisait bon d'orquer en ces kigardes terres lorsque le soleil battait la porte du matin. Notre verdâtre amie, toute de grâce enveloppée, vaquait harmonieusement à ses habitudes champêtres. Qui n'a jamais, à l'orée du jour, observé d'un œil attendri les matinaux rituels de cette humanoïde sylphide ? En tout cas, drapée dans sa toison un peu trop fournie, Elisha, elle, s'admirait beaucoup. Il n'est pas donné à toutes créatures de ressentir autant d'amour inégalé et inconditionnel pour leur splendide personne.

De baroudailles en baroudements, décidément il faisait bon d'orquer en ces kigardes terres lorsque le soleil battait la porte du matin. Mais la routine, est faite pour être dévastée. Toujours. Et la dévastation de cette routine là, prit la forme rondouillarde et basse de plafond d'une gnome un brin trop pendue de l'appendice buccal.

Et voilà nos deux comparses qui gravitent de bosquets en flaques, d'arbustes en sentiers, à travers un itinéraire touristique spécialement confectionné pour l'occasion. L'objectif ? Visionner le maximum de monuments, dans le minimum de temps. Le CHALLENGE de MALADES ! WOUHOU ! Non mais SÉRIEUSEMENT ??? Depuis tous ses efforts pour rejoindre les plaines de Kigard, notre divine verdâtre n'avait toujours pas réussi à occire la moindre petite créature vivante. Et la voilà embarquée dans un périple d'observations, même pas troublé par une quelconque rencontre importune, pas le moindre petit gobelinet à se foutre sous l'croc, RIEN.


Bilan du périple :
une ruine le 09/11/2015
un totem immergé le 11/11/2015
un arbre doré le 15/11/2015


Là, le trajet commençait à s'intensifier un poil. L'arbre doré était le lieu de rendez-vous de ses futurs comparses. Parmi ceux-ci, un elfe se distinguait par sa verve rassembleuse, la prestance de ses atours et la largeur de ses chevilles. Depuis plusieurs jours, ses missives pressantes leur faisaient hâter le pas.

La joie de parvenir à leur objectif, se teinta rapidement de gris, lorsque le projet du groupe fut... Et oui, d'aller de nouveau observer une quelconque curiosité locale. D'ennui, le vert d'orage d'Elisha virait gravement céladon. Sa pâleur se requinqua dans l'idée d'occire une demoiselle ailée, mais malheureusement, ces cruelles n'en finissaient pas d'esquiver ses coups et de fuir. Craignant pour son égo un fiasco égal à celui de la poule, l'orque préféra se diriger vers la gardienne, défrichant avec hargne la végétation qui leur coupait le passage.


la gardienne de Kigard le 20/11/2015


Dernière édition par -Elisha- le Dim 21 Fév 2016 - 19:26, édité 1 fois
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Message par Elisha Dim 21 Fév 2016 - 19:09



Où l'aventure se corse... Un ptit peu quoi




Les monuments enfin observés, la troupe finalement regarnie, tout allait bien. Notre divine comparse avait d'ailleurs finement monnayé une épée plutôt pas mal tranchante, à une greluche d'elfe montée, refusant à grands coups de griffes verbales de voir son canasson allégé d'une côtelette pour rassasier un estomac grondouillant. Moyen sympathique l'elfe. Pas trop commode. Un petit brin prétentieuse. Et pète-sec. Oui, disons-le, une garce, mais plutôt du genre intimidante. L'orque n'avait pas insisté...
La petite bande de baroudeurs était composée d'un ramassis d'elfes et de gnomes, petites créatures faiblichonnes qu'il fallait toujours protéger. Ils étaient d'ailleurs assez indistincts pour l'esprit étriqué de la grande Elisha, bien davantage concentrée sur d'autres priorités : le doux remugle d'un sanglier au loin. Sanglier qui d'ailleurs, finira en morceaux de viande dans sa besace, mais ne nous hâtons pas  trop dans notre récit...



Une épée, un combat à venir, bon : On va pouvoir passer aux choses sérieuses, et commencer à prendre un ton un peu moins badin.



Après avoir observé la gardienne, ils se lancèrent, donc, comme j'étais prête à vous le raconter avant de digresser, à l'assaut des gobelins, gobelours, et shamans gobelins qui traînaient dans les parages. Est-ce utile de signaler que sans l'ardente force de notre héroïne bien-aimée, la petite troupe n'aurait pas réussi à survivre ne serait-ce que trois minutes dans cette partie sauvage des plaines ? Est-ce utile de vous signaler qu'aucun d'eux n'aurait réussi ne serait-ce qu'à égratigner le cuir d'un gobelin ou d'un sanglier en cavale ? Est-ce utile de vous signaler que le bain de sang inscrit dans les méandres sinistres du destin s'est changé en torrent de gloire grâce à l'intervention divine de la demoiselle un brin trapue ? Non. Évidemment.


Dans le mucus et les larmes gobelines, les corps verdâtres s'amoncelaient. La verdoyante plaine se chargeait de l'âcre fumet de leur cuisante défaite. Elisha, d'un seul geste, foudroyait huttes et décimait arbres. Elle volait aux immondes créatures une précieuse liqueur qui faisait diablement accroître sa force, et reprenait le combat de plus belle. Sa férocité n'avait d'égale que la grâce de sa lame, pourfendant par le haut tous les verts qui avaient l'audace de la surpasser en couleur. Parfois, par mansuétude, elle octroyait une de ses prises à un de ses compagnons.
Eux justement ? Et bien, quand ils n'étaient pas occupés à l'admirer en roulant leurs gros yeux de races inférieures et frêles, ils pansaient ses blessures, ou décernaient des frappes ridicules à leurs assaillants pour se sentir utiles. Brave bande d'elfes et de gnomes. Ils étaient plutôt touchants à s'agiter ainsi en tous sens, essayant de se faire remarquer de notre orque. Elle daignait leur adresser un sourire condescendant, entre chaque dizaine de victimes qu'elle ravageait dans un rire effréné. Non vraiment, c'était une bien belle bataille.


Bien sûr, il y eut quelques désagréments. Comme ce gnome, qui d'un air malin, acheva sous les yeux de la Splendeur Verdoyante, un sanglier qui paraissait odieusement dodu du croupion. Ou cette autre gnome, qui sifflotant à tous vas, rompait dans sa malice infâme la sérénité et la solennité de la purge. Ou ce petit elfe, osant s'offusquer du désir de notre précieuse amie, de le dévorer pour assouvir une brusque fringale. Ne savait-il pas, ce gredin-là, qu'il ne fallait pas contrarier une Orque, surtout lorsqu'il s'agit de contenter son abyssal appétit ? Et dire qu'il osât à ce moment-ci oser opposer une résistance à la rayonnante, vouloir défendre sa chair qui paraissait pourtant fort comestible, et qu'il n'eût la grâce de notre merveille qu'en raison de l'intervention d'un tampon parfaitement imbibant !! Oui, décidément, Elisha aurait été bien mieux servie seule. Et bien plus tranquille aussi.



Agacée par la facilité des combats, et l'absurdité répétitive du geste mortel, notre divine créature décida d'arrêter, et de prendre une pause bien méritée. Elle avait en effet achevé un bon millier de gobelins, et la pile de cadavres érigée par ses petits compagnons commençait à roussir de la proximité de l'astre solaire. Il était temps de passer à autre chose. Mais quoi ?


- Dans ma tête, frissonne un refrain, étrangement familier -


J'erre dans les plaines, les hante en ange noir.
Je frissonne d’envie de créer l’abattoir.
Mon sourire brutal se maquille en rictus,
Terreur sera accomplie avant l’angélus.
Sous mes pas, un cruel relent de mort s’essaime,
Et ardent, annihile ces fils de blasphème.
Les corps s'empilent dans un amas décharné
Ma joie, transcendée, s'y trouve enfin incarnée.
Mon âme avide sera enfin assouvie
Lorsqu’il n’y aura plus aucun souffle de vie.
La liberté va se conquérir dans la mort
Une sinistre fleur dans le fumier, éclore.

Vous qui détournez les yeux, oui vous, apprenez,
Que vos préjugés pourraient être malmenés.
Toi, le malin qui te gaussait sur mon chemin
Découvre que l'ingrate orque jugée triviale
Pourrait te démontrer ce qu'on nomme "inhumain"
Et d'un verbe barbare, t'ôter ton jovial.

Si ma narration vous semblait trop emphatique
Et décrire une réalité distendue
Interrogez-vous sur votre regard caustique
Et demandez vous si la morale attendue,
Est de persifler en grinçant l'orque, sa clique
Ou de révéler vos jugements pathétiques.


Dernière édition par -Elisha- le Dim 21 Fév 2016 - 19:25, édité 3 fois
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Message par Elisha Dim 21 Fév 2016 - 19:12

Appendice destiné au lecteur prudent : Ce chapitre ne comportera guère d'action. Pour éviter l'ennui profond d'une lecture de faits insipides, prière de se reporter au chapitre suivant, a priori, à paraître bientôt (tout est relatif).



Où l'aventure stagne








Reprenons notre récit, excusez-moi de cette digression plus ou moins heureusement lyrique à la fin du chapitre précédent. Oui, reprenons, vous lecteur, et moi narrateur, les péripéties de notre bonne vieille orque brutale, rude, et disons-le, pas des plus futées, on en convient aisément.


Elisha, donc, après cette bataille ensanglantée, se détacha de ses compagnons. Chacun avait des choses à régler, plus ou moins urgemment, plus ou moins loin. Certains devaient s'approvisionner, d'autres partaient à la recherche d'un meilleur attirail, pêcher, bref, tout le monde avait à faire. Une fois ses poches vidées, notre bonne vieille verdâtre, elle, se trouva fort dépourvue d'occupations. (Je vous avais prévenu, il est encore possible de faire demi-tour pour utiliser au mieux votre temps).

Puisque je n'ai rien à raconter, je vais me permettre de parler de notre personnage, je n'ai eu que peu l'occasion de vous la présenter. Entre nous, l'habit ne fait pas le moine. Certes. Mais un peu quand même. Il n'y a qu'à voir sa tronche, l’œil vitreux et un brin agressif, les canines acérées qui dépassent, la couleur terreuse de son teint, l'agressivité de la crête qui orne son crâne bombé et la sottise animale qui se dégage généralement de ses expressions faciales.
L'orque est frustre. Si on ne le savait pas, il suffirait de la regarder pour s'en rendre compte dans l'immédiat. D'ailleurs, cela se sent au ton avec lequel on s'adresse à elle. Il y a le ton sec du méprisant, le ton humide de l'apeuré, le pédant généralement ne daigne pas lui adresser la parole, quant à la créature moyenne, disons que son manque d'intérêt général s'associe sans peine à la froideur de ses approches. A tout cela, répond sans conteste le ton aride du grognement rauque et indélicat de notre amie. Elle n'hésite pas à associer au dédain général une agressivité pas toujours justifiée. Souvent, elle oppose à son interlocuteur un refus d'entrer dans les convenances du discours, lui accordant la satisfaction de la voir ressembler à l'image qu'il s'en était faite. Mutique. Abrupte. Grossière. Colérique. Sans-gêne. Et totalement dénuée d'intérêt syntaxique.

De tout cela, notre grognante s'était fait une raison, dédaignant les joies de la parlote raffinée au profit de l'action. Orquant à travers monts et vaux d'années en années, elle n'avait plus que faire de son environnement social.
A vrai dire, cela avait été une surprise de rencontrer au hasard du marais, cette gnome et cet elfe, précédemment évoqués, semblant s'échiner à lui faire rejoindre leur compagnie, et la traitant presque comme un être doué de raison, grande nouveauté. Ils l'acceptaient, toute orque qu'elle était, sans sembler s'offusquer de ses aléas d'humeurs, ni de ses soudaines poussées d'éloquence.
Mais là je retourne trop loin en arrière, et vais vous épargner une seconde narration des mêmes faits. Prenons plutôt un exemple qui arrive justement dans notre chronologie pour illustrer tout cela... Nous disions donc : Elisha se trouva fort dépourvue d'occupations.


Soudain, un humain importun se permit de la héler. Brusquement. "Bonsoir demoiselle, [***] pour vous servir... Il se trouve qu'en ce moment je m'emmerde, ça vous dirait de boire un verre histoire de passer le temps ?"
La première réaction de l'orque, évidente, fut la méfiance. Le bougre avait la particularité d'allier un physique peu gracieux, à une attitude délibérément provocante, son invitation fut interprétée comme une bravade sarcastique. D'autant que son sourire narquois indiquait volontiers que ce n'était pas forcément un verre de courtoisie. Et le "demoiselle", oui ce "demoiselle", n'était pas des plus familiers pour elle. Il n'était généralement pas le premier qualificatif qui s'offrait aux passants en la voyant, pour son plus grand plaisir d’ailleurs. Aussi, fut-elle à la fois éberluée et intriguée par ce malfrat à la gueule en biais, qui semblait chercher à la piquer à vif.

Deux choix s'offraient à elle : Utiliser une rebuffade malpolie et brusque made in orquette, ou, dévoiler la finesse de son attirail verbal pour tenter de faire fermer son clapet à cet abruti trop sûr de lui. L'humeur du jour ? L'absence de quête urgente ? L'envie de montrer que ses crocs n'étaient pas sa seule arme ? Qui sait... Elle lui fit donc l'honneur de dégainer sa verve.

Ils sont nombreux ceux que cela aurait pu surprendre. Cette grosse masse griso-verdâtre, quittant son costume de brute pour titiller les joies de la prose assassine. Elle ne fut pas déçue, le bougre avait de la répartie. Bien moins qu'elle, mais il arrivait vaguement à se défendre.
L'auberge était sombre. Les tables recouvertes de tâches huileuses. Les choppes enduites d'une mielleuse couche de crasse. La cervoise tiédasse y moussait péniblement. La joute s'envenimait tranquillement au gré du débit respectable des deux protagonistes.
Ils n'en sont presque pas venus aux mains. Ils persiflaient chacun leur tour, grognant à celui qui monterait d'un cran la provocation. Chacun s'efforçant de faire peser un peu plus son égo démesuré, de destabiliser, d'ébranler l'assurance de l'autre. Elisha fourbissait des armes trop longtemps oubliées. Enfouies.

Elle ne l'admettrait jamais, mais dans cette pièce aux rideaux de ténèbres, l'humain avait su faire éclater des années d'un masque envahissant. Elle jubilait de sentir le fiel orner sa délicate rhétorique. Elle exultait sous le poids des menaces fleuries. Elle s'envolait en tirades. « Je » s’extirpait de sa mélasse.


Elle... Je... Elisha. Moi qui écrit elle. Elle qui s'enlise sous le poids des a priori. Moi qui me déterre des idées reçues. Je. Ce « je » si difficile à avouer, à assumer. Elle. Distanciée en lettres. Exacerbée en mots. Caricaturée en images. Elle qui te correspond, à toi, qui la regarde.
Un jour, un renard a dit à un petit garçon : « L'essentiel est invisible pour les yeux ». Sous son carcan épais, la brute aurait aimé se faire tatouer ce goupil.
Un jour, un poète a dit à un ami : « Je est un autre ». S'il a raison, qui est-elle ? L'autre ? Ou le « Je » ? Qui suis-je le plus ? Celle qui écrit ? Celle qui grogne ? Celle que tu toises ? Celle qui rêve ?



Ne vous fiez pas au sourire enjôleur de ma bouché édentée et cariée... Je peux être une vraie peste. Je suis rancunière. Je suis violente. Je ne suis pas polie. Je ne sens pas bon. Et quand j'ai faim il m'arrive de me grignoter la crasse entre les doigts de pieds.

Ne vous fiez pas à la délicate grâce de ma taille empâtée. A l'insolente candeur de mes petits yeux plissés et mesquins. A la tournure joyeuse de ma défroque mitée et boueuse. Je suis une demoiselle. Mais avant tout, une orque. Contrevenants... S'abstenir.

Ne vous fiez pas à la suave poésie écharpant mon palais. Je dis ce que je pense. Ou plutôt. Je dis avant d'avoir eu le temps de penser. Et parfois je cogne au lieu de dire ou de penser.

Ne vous fiez pas à la sagesse audacieuse de mon sourire. J'ai dû voir un lapin. C'est tout. J'ai faim. C'quand la graille ?

Ne vous fiez pas à l’ironie grotesque de ma prose. A la grandiloquence forcée de ce « je » qui s’exprime à couvert. Ecoutez le renard, et fermez les yeux.








J'abandonne au sillon de ma page la semence de ma rancœur. Elle est je. Mais personne ne le sait. Retranscrire elle telle qu'elle se reflète dans tes yeux fut une excellente thérapie. Je vais néanmoins continuer en parlant de moi, au péril de ma pudeur. Bon...

Il fallait que je me dépêche de rejoindre mes compagnons, une missive venait de m'arriver, m'avertissant qu'un des nôtres était en danger. Laissant à l'importun une promesse de future joute agrémentée de son atroce décès, je me mis en route vers le nord.


Dernière édition par -Elisha- le Dim 21 Fév 2016 - 19:33, édité 4 fois
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Message par Elisha Dim 21 Fév 2016 - 19:13



Où le passé rejaillit






Tandis que je me hâtais vers le nord, seule dans les plaines avec tout ce que l'humain avait fait rejaillir, je me mis à penser au passé avec amertume. Vous savez, ce qui est le plus difficile pour moi désormais, c'est de n'être jamais pleinement considérée. Pourtant, du fond de ma mémoire, subsistent des souvenirs qui datent d'une époque où ma plus grande fierté était d'être une orque. Où je n'avais pas à rougir du regard des autres sur ma race, sur mon sexe, ou sur mon apparence. Des souvenir que je chéris. Des souvenirs que je livre à ma plume pour vous les retranscrire, le plus fidèlement possible.



J'étais une orquette pleine de vie. Nous vivions, mes parents, mon frère, ma tribu et moi, dans un village de huttes bâtit dans une clairière aride, bordée d'une forêt ténébreuse. La plupart des masures étaient faites de boue séchée et de pierres. Mais la mienne était en bois. Entièrement. Je m'en souviens parfaitement car la nuit, j'entendais crépiter les planches et gémir le toit. Nous l'avions recouverte de peaux de sangliers pour éviter que le vent ne s'y engouffre. C'était notre havre de paix. Nous entretenions des relations cordiales avec chacun. Mes parents étaient respectés de tous, en particulier pour leur aptitude au combat et à la chasse. Ils appartenaient tous deux au conseil décisionnaire du clan.

Mes souvenirs d'enfance débutent vers l'âge de quatre ou cinq printemps, je crois. Mais ils sont flous, rien que des impressions : Le goût de la viande fumée au feu de bois. Une dispute ; je suis rentrée après la nuit. Le parfum de ma mère. Celui de mon père. Les bruits des combattants qui partent en expédition au petit matin. Le vent qui fait craquer les arbres. Le vent qui fait ronfler le feu. Mon émerveillement devant un petit oiseau. Mon extase devant une luciole. Mon dépit, en allant vérifier à la rivière si mes crocs avaient poussé. Ils ne grandissaient jamais... On m'appelait "mini quenottes", ou juste "mini" parfois.
S'ils pouvaient me voir aujourd'hui mes anciens compagnons... Ma famille... Ils riraient bien. Elles sont toujours ridiculement petites, deux pointes qui dépassent à peine de mes lèvres. Chez les orcs, avoir de longs crocs est un gage de respect pour la tribu. Malgré une taille et une musculature respectables, un individu qui ne présente pas d'honorables canines ne pourrait pas, par exemple, devenir chef de clan.


Ma mère, elle, avait les plus belles dents : Grandes, longues, acérées, effilées, et surtout d'un blanc nacré, presque argenté. Tous les soirs, elle se les enduisait d'une pâte faite d'argile et de menthe séchée, pour les polir et les préserver qu'elle disait. Juste après m'avoir souhaité bonne nuit, je l'entendais remuer sa mixture, et en sentait l'odeur tandis que je m'endormais. Je n'ai jamais connu personne qui en prenne plus soin qu'elle. Il lui arrivait de broyer ses aliments avec une pierre pour s'assurer qu'ils ne les lui abîment pas. Mais elle avait une raison pour cette attention particulière...
Un jour, bien avant ma naissance elle avait été capturée par des humains, qui l'utilisèrent comme esclave. Ils riaient entre eux arguant que certains de leurs clients recherchaient l'exotisme... Elle était enfermée dans une cage, la nuit, et n'en sortait que pour assouvir de bien sombres désirs. Un jour, ivre de répulsion, elle entra un de ses crocs dans le cadenas de la cage, à travers un barreau, et réussit à en faire jouer le mécanisme. Il paraît que c'est une légende. Personne ne sait ce qu'il s'est réellement passé pour qu'elle se libère. Mais on n'osait jamais la contredire pourtant. Lorsqu'elle se déshabillait, je voyais sur son corps les stigmates de ces lointaines années. De longues cicatrices. Des brèches dans sa peau brun-miel. Des fêlures qu'il ne faisait pas bon évoquer.

Mon père était un orc formidable. Doux, patient, sincère, mesuré, et redoutable bretteur. Même si le tabou n'avait jamais été vraiment levé, je savais pour avoir décrypté les silences et les regards, qu'il avait fait parti de ceux qui avaient découvert ma mère après sa captivité. Leur relation en était étonnante de sincérité. Ils s'épaulaient l'un l'autre, et étaient des adversaires imbattables s'ils décidaient de s'associer en combat. Tous les deux étaient mes modèles. Du plus loin que je me souvienne, je les admirais sans retenue. Ils représentaient ce que je voulais devenir. Alliant la férocité à la finesse. La dureté à une bienveillance sans mesure. Ils nous couvraient de leur prévenance, et nous exhortaient à nous endurcir pour affronter les épreuves de la vie. Je ne mesure pas ma reconnaissance à leur égard.

Mes parents allaient tour à tour en expédition pour ramener de la nourriture pour le clan ou des matériaux plus rares qui nécessitaient de faire du commerce. A chaque fois que ma mère devait partir, la nuit, je pensais à ses cicatrices, et je fermais les yeux très fort pour que les larmes ne jaillissent pas. Une terreur insidieuse s'enfouissait dans mes entrailles, ne me laissant aucun répit. Je n'en ai jamais parlé, ma mère aurait rugi de rage, elle tenait plus que tout à son masque de fer implacable. Elle ne haïssait rien de plus que la pitié. Je me plais à croire que j'arrive à lui ressembler un peu maintenant.

Mon frère était un peu plus vieux que moi. De mon père, il avait la stature sèche et la musculature fine. De ma mère, il avait le croc acéré et le visage épais. Nous ne nous ressemblions que très peu. J'ai toujours été plus pesante et imposante que lui. Mais dans nos jeux, nous montrions la même impitoyable envie de gagner, et le même dédain de la faiblesse. Nous nous adorions, et nous détestions tour à tour. Les autres enfants avaient parfois peur de jouer avec nous, tellement nos amusements pouvaient être extrêmes. Un jour, nous avions décidé de jouer à celui qui trouverait le plus rapidement un caillou parfaitement rond. Nous étions sept. Au bout de deux heures, nous n'étions plus que deux... Arrachant nos ongles sur la terre battue. Utilisant des écorces pour fouiller le fond de la rivière. Le bout des doigts en sang, nous le VOULIONS. Je l'ai trouvé la première. Mais mon frère n'a jamais admis qu'il était une parfaite sphère. Je le porte toujours, percé de ma patience et d'une aiguille de métal, autour du cou, en guise de porte-bonheur.



Ma vie était segmentée entre les jeux, les travaux domestiques pour la bonne tenue du village, et mes initiations au combat. Malgré mes petites quenottes, ma stature était plutôt impressionnante pour mon âge. Aussi, tout me poussait à me dépasser, et mes partenaires d'entraînement étaient presque toujours des individus plus vieux, presque matures sexuellement, à ma grande fierté. Lorsque j'avais un bâton à la main, rares étaient ceux qui se riaient de moi. J'en retirais une joie démesurée, et m'en vantais à celui qui voulait l'entendre, jusqu'à ce que son exaspération m'interrompe. Parce que j'étais bavarde. Oh ça oui, je l'étais ! Enchaînant pitreries et discours, je ramenais sans cesse l'attention à moi, au grand désespoir de tous. Un autre de mes surnoms ? Jacasse. Mais l'affection avec laquelle il était la plupart du temps prononcé en réduisait l'impact sur mon moral, et j'en retirais plutôt de l'orgueil.

Nous, les jeunes orcs, étions formés à devenir la fierté de notre clan. Evidemment, la première des applications en était l'instruction guerrière. Mais nous étaient aussi inculqués la liberté de penser, l'amour de la discipline, le respect du libre-arbitre, et l'importance de la collectivité. Chacun devait trouver une place dans le groupe, sans ne jamais perdre de vue son individualité. Aussi, nous apprenions à lire, à écrire, à dire, à penser. Je n'ai jamais été silencieuse aussi longtemps que lorsque j'ai découvert la poésie. Je m'y suis essayée à de nombreuses reprises, mais ne suis parvenue à un résultat qui me satisfaisait, que lorsque j'ai eu besoin d'y déverser une brûlure à l'âme, quelques années après.


Ce fut donc une enfance calme et sereine. Du respect inconditionnel de mes parents, j'ai gardé une foi inébranlable en mes capacités, et en ma race. Malheureusement, même l'inébranlable peut accueillir des brèches...


Dans son ouvrage, Orcs : De gentils sauvages, le professeur Albertus Médiocritus, humain, écrit : "Les orcs sont des humanoïdes monstrueux de taille moyenne. Bien qu’ils soient d’aspect aussi variable que les humains, la majorité ont une peau grisâtre, un front bas et très incliné, un visage porcin, une mâchoire imposante et des canines semblables à des défenses de sanglier. Leur pilosité hyper-développée est rêche, leurs oreilles sont semblables à celles d’un loup et ils ont les yeux rouges. Les orques sont brutaux, agressifs, stupides, et vivent généralement de pillage et de maraudage. Ils forment un peuple assez primitif dans la plupart des cas, vénérant le combat et appréciant la bagarre. Ils sont organisés en société tribale, toujours à la recherche de nouveaux territoires à piller."
*



[hrp]   * Source : Wikipédia en partie remanié. [/hrp]


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Message par Elisha Dim 21 Fév 2016 - 19:15

Appendice destiné au lecteur : J'écris à voix haute ce chapitre depuis si longtemps, qu'il faut que je l'accouche. Il ne poursuit pas le récit de mes aventures dans les plaines, pas plus qu'il ne continue de narrer mon parcours de vie jusqu'ici. C'est un portrait. Si vous avez du mal à me suivre, écoutez le renard, et fermez les yeux.
Où ça biche grave





Je n'ai pas été très fiable. Je me suis un peu trop centrée sur moi. Jusqu'ici, mon récit comporte une grande absente. Enfin, grande...

Elle m'avait croisée au détour d'un buisson, juste à ma sortie du marais. Pour être exacte, nous nous y étions aperçues, mais j'y avais encore à faire. Pour être vraiment exacte, nous nous étions rencontrées aussi il y a longtemps, là où la boisson avait rendu flous mes souvenirs.
Très vite, nous voilà, l'imposante grommeleuse et la fluette échevelée à arpenter les plaines en long, en large, et surtout en travers. Car des travers, elle en a, et pas des moindres ! Sa linguistique s'orne d'absurde. Ses petons sentent le fromage. Sa chevelure fricote avec les éclairs...

Entre nous il n'a pas fallu plus d'une micro seconde pour que la connexion s'établisse. Babillant à tue-tête la gnome avait le chic pour tout dire sur rien, et ne rien dire sur tout dans la même phrase. Elle s'enjaillait à foison de la moindre babiole et sa compagnie en était aussi euphorique qu'une virée de fumée.

Très vite, pour habiller le temps, nous nous mîmes à converser. Et ces conversations... Ces conversations mes amis... Qu'en dire pour les décrire ? Peut être, que la poésie, parfois, a besoin du lâcher prise de l'idiotie la plus complète ? Peut être que la communication ne réserve ses belles lettres qu'en décommunicant ? Toujours est-il que rares étaient ceux qui pouvaient attribuer un sens à nos élucubrations, et cela nous amusait follement. La gnominette avait le chic pour pondre de la prose fleurie à l'outrage de la compréhension. Je la traduisais avec mon pragmatisme d'orque.

Oui, nous étions un sacré duo. Assemblage grotesque. Union farfelue. Binôme aberrant. Paire burlesque.

Alors, à toi, oui, à toi, cré nom de nom de petite crotte gnomique : Merci ! ♪♫♪


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Message par Elisha Dim 21 Fév 2016 - 19:17




Où le passé se déroule





Je grandis, donc, entourée de l'amour des miens. Dans notre clan, chacun avait sa place. La mienne évoluait. De friponne babillante aux mini-quenottes, je devins une jeune orque vigoureuse. Mes aptitudes au combat ne cessaient de croître, et même si j'étais trop jeune pour prendre part aux expéditions, je fus en droit d'enseigner aux petits.

C'était follement enhardissant de voir leurs petites frimousses pendues à mes paroles. Ils étaient attendrissants dans leurs mouvements patauds, essayant de toutes leurs capacités de reproduire ce qui était demandé. Maladroitement, ils arrivaient à réaliser un vague ersatz de l'exercice, et avec un grand sourire demandaient : "C'est bien Elisha ? J'ai réussi ? C'est ça ?". Il fallait voir leurs bouilles réjouies lorsque j’acquiesçais, patiemment, pour les encourager. Un mot de moi, et leur univers s'éclairait. Et ce public ! Ils m'écoutaient avec vénération. J'aurais pu leur raconter n'importe quoi qu'ils m'auraient crue. Ils offraient à ma grandiloquence une audience de rêve, et donnaient à mon éloquence un moyen d'expression formidable. Jacasse, bavarde insupportable, devenait modèle. Et j'aimais ça ! Ma modestie s'en ressentait...


Dans ma vie familiale, tout se déroulait calmement. Avec l'âge, les expéditions de mes parents s'estompèrent peu à peu, et ils prirent davantage position parmi les notables du clan. Il faut savoir que nous étions organisés autour d'un conseil décisionnaire, que le chef suivait à la lettre. Lui, avait plutôt un rôle de représentant auprès des tribus orques voisines. Nous n'avions que peu de contacts avec les autres races, mais je savais qu'ils n'étaient que peuplades aux mœurs barbares. Les humains, auxquels mon clan vouait une haine féroce, avaient particulièrement notre mépris, car ils saccageaient de leur chasse la faune de nos bois, et détruisaient nos arbres pour cultiver du blé. En outre, des récits de leurs funestes exploits étaient essaimés dans nos légendes.

A cette époque, je m'entichai à en perdre la raison d'un jeune orc d'une famille arrivée depuis peu dans notre clairière. Il était aussi sensible que beau, ses poils ruisselaient de soleil, et ses crocs démesurés me laissaient rêver à notre splendide progéniture. J'étais bien innocente, ne riez pas trop... J'eus pour le séduire une stratégie disons... Je vous laisse juger. Donc. Durant plusieurs mois, je cachai près de sa hutte des fleurs, des petits mots, des dessins, des poèmes maladroits, espérant qu'il les trouverait et m'y associerait. Evidemment, ni l'un ni l'autre n'arrivèrent jamais. Par contre, mes faits guerriers étant parvenus jusqu'à lui, et ma beauté s'étant engaillardie depuis mon enfance, mon inclination se trouva être réciproque. Je le sus par une amie, à qui on avait dit qu'on avait dit... Bref. Notre pudeur fut contrainte à un tête à tête forcé, qui se révéla pour finir des plus agréables. Et ce qui devait avoir lieu... Nous fîmes une grande soirée en l'honneur de nos fiançailles.


Tout allait pour le mieux. Ma première expédition fut organisée, j'avais enfin l'âge requis pour servir mon clan et surtout, explorer le monde. Nous étions quatre, trois vétérans et moi, et nous devions rapporter des monceaux de bois pour faire le grand feu qui célébrerait l'arrivée du printemps. Le temps était clément, le soleil, doux. La forêt m'enivrait de liberté. J'étais accompagnée de rêveries, qui berçaient mon chemin, rendant l'exploration exquise. Je laissais aller mes pensées tout en chargeant du bois, débitant avec hargne les troncs de ma hache. Je faisais tout pour qu'on ne se rende pas compte qu'elle était trop lourde pour moi. Le silence qui ornait les frondaisons était suave, et je me délectais de son lustre. C'est chargés comme des ânes, que nous rentrâmes au village. Fière à la déraison, mon cœur s'envolait en pensant au panache que j'en retirerai.


Ils sont venus.
Pics, pelles, pioches, fourches, flambeaux et faucilles.
Ils sont venus.
Armés de haine, de destruction, d'ignominie.
Ils sont venus.
Cagoulés d'une cruelle colère, écorchant et décapitant.
Ils sont venus.
Annihilant en un rien notre communauté.
Ils sont venus.
Le sang nettoya l'allégresse.
Ils sont venus.
La liesse disparut dans la nécrose.
Ils sont venus.
Je n'y étais pas.
Ils sont venus.
Je n'ai pas défendu mon clan.
Ils sont venus.
Je n'ai pas servi dans les honneurs.
Ils sont venus.
Les dépouilles jonchent le sol.
Ils sont venus.
Mes chers visages ont les orbites macchabées.
Ils sont venus.
Un spectre de dégoût m'envahit.
Ils sont venus.
Je vomis.
Ils sont venus.
Nous n'étions plus que quatre.
Ils sont venus.
Et sont repartis
Ils sont venus.
Et nous ont tout pris.
.



Dans son ouvrage, Orcs : De gentils sauvages, le professeur Albertus Médiocritus, humain, écrit : "Les Orcs forment un peuple assez primitif dans la plupart des cas, vénérant le combat et appréciant la bagarre.
En effet, ils ont une attirance naturelle et irrépressible pour le conflit dans toutes ses formes. Ils ne parviennent quasiment jamais à se débarrasser de cette envie de conquête et de batailles, ce qui en fait des cibles facilement influençables, pour peu qu'on leur promette la protection de leurs familles et la garantie d'un avenir meilleur en cas de victoire. S'ils apprécient le fait de se battre, la victoire n'a jamais signifié autre chose pour eux que la fin du combat. Même si très fiers et heureux d'avoir fait honneur à leur race, ils restent souvent déçus de devoir arrêter de frapper des ennemis en hurlant.
"
*



[hrp] * Wikipédia, encore [/hrp]
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Message par Elisha Dim 21 Fév 2016 - 19:19




Où l’aventure se peuple





A l’heure où j’écris, il fait nuit noire. Je dois attendre que mes compagnons soient assoupis pour trouver la quiétude nécessaire et tracer ces lignes. Heureusement, j’ai toujours sur moi cette bougie qui m’a été offerte par… Non, je rentrerai dans ces détails plus tard. Sachez simplement, que cet artefact magique s’allume d’un souffle, et que sa lumière n’en éclaire que le porteur. Elle est là, sur mes genoux, éclairant la page qui se noircit. Ma main tremble légèrement de fatigue, après les événements qui viennent de se dérouler. Mon écriture en est peut-être un peu vacillante.
Je me cache pour conter. Je ne suis pas encore prête à assumer ton existence, lecteur, peut-être qu’un jour tu trouveras ce récit. Mais pour l’instant, il m’est ce qui est de plus précieux, et de plus secret. Je t’arracherai les tripes si tu venais à parcourir ces pages sans mon autorisation… Mes précautions pour trouver la solitude nécessaire à mon projet me torpillent la tête tout le jour. J'ai besoin de me retrouver, ici, maintenant, d'écrire. Juste. De raconter mon aventure. De narrer mon passé. D'en voir s'enchevêtrer les fils, et de comprendre, pourquoi, moi, j'en suis arrivée là.




Je reprends mon récit :

Je me hâtais à la rescousse de deux de mes compagnons, malencontreusement esseulés en terre hostile. Pour cela, je rejoignis un elfe qui m’avait accompagnée dans le périple précédemment évoqué. Nous n’avions pas toujours été en de très bons termes, mais il est vrai que sa présence m’apparaissait tout à coup bien plus agréable. Il avait l’art d’analyser les situations en un rien de temps, pour déclarer d’un ton docte ce qu’il convenait de faire. Et parbleu, il avait souvent raison !
Nous nous pressâmes donc, tous deux, vers le nord, après avoir réglé quelques affaires en boutique. A notre arrivée, nous fûmes effarés de ce que nous y trouvâmes. Il y avait une petite dizaine d’aventuriers engagés dans un sanglant combat contre bandits et gobelins. Le coin, décidément, n’était pas des plus tranquilles.

Avec l'elfe, allez, je le nomme, trop de personnages, je ne vais pas m'en sortir. Avec Leunam, donc, nous n'avions eu qu'à nous concerter du regard pour savoir que nous allions entrer dans la danse avec le clan qui bataillait ferme. Nous enjoignîmes à nos comparses de nous rejoindre, et nous prîmes contact avec le chef, Xarcan, un orc.
Diantre, si j'avais su qu'un jour je verrais de mes propres yeux un de mes semblables diriger une troupe aux races diverses ! Et fichtre qu'il avait de la prestance ce grand diable ! Et quels crocs mes aïeux, quels crocs ! Je pense que j'ai dû le dévisager d'un air hébété pendant quelques secondes... Avant de me reprendre et de groumpfer le bonjour à la compagnie. On ne se refait pas, et l'époque où la Jocasse en moi était omniprésente est bien loin à ce jour. De toute façon, les Avatars de Vengeance étaient absorbés par leur combat. Ils étaient quelques elfes, gnomes, et un humain, que je me gardais bien d’approcher… D'ailleurs, le voir obéir aux ordres de son chef, orc, avait un parfum jubilatoire, et totalement irréel pour moi.

La bataille s’organisait, nos rangs se resserraient. Nos deux troupes rassemblées firent corps. Les gros plein d’armure devant, les plus fragiles derrière. C’était la première fois que je participais à une bataille rangée. Les bandits et gobelins avaient beau s’allier pour tenter de percer nos défenses, rien n’y faisait. Ils s’écrasaient dans l’étau que nous leur enserrions.
Malgré tout, durant les assauts, l’un des vaillants gnomes qui m'accompagnait depuis fort longtemps, Nerba, se trouva encerclé de bandits. Il ne put rien faire pour échapper à leurs barbaries. Il périt sous nos yeux effarés. Heureusement, ce filou avait en fait trouvé le moyen de se téléporter avant le coup létal. Sapristi de magiciens ! Et il rejoignit Abeline, ma gnomillante à la langue très développée bien plus au sud, dans une région peuplée, paraissait-il, de culs.

Le combat durait... Durait... L’adrénaline seule nous faisait garder les yeux ouverts. Peu à peu, nous nous rendîmes compte que les monstres avaient bâti leurs campements non loin de là, et qu’ainsi, ils arrivaient à nous envoyer régulièrement des troupes fraîches.
Notre priorité devint donc de détruire ces nids. Il y en eut quelques-uns qui s’effondrèrent sous mes coups acharnés. Nous eûmes bien vite le dessus sur eux après cela.

Cette bataille a duré plusieurs jours, plusieurs nuits. Je ne pus écrire au jour le jour comme je le faisais parfois, faute d’intimité. Cela me manquait. Mon masque d'orque hagarde et violente m'envahissait, et j'avais besoin de le laisser aller. Par contre, je me mis à échanger par lettres avec l’humain de l’auberge, pour organiser un duel. Le souvenir de ses outrages me pressait de lui administrer la correction méritée. Il était non loin d'une boutique, au nord, où j'allais peut-être me rendre par la suite...

Revenons au combat. La victoire en était assurée. Abandonnant les derniers rescapés qui fuyaient le champ de bataille, nous entreprîmes alors d’explorer les alentours. Une rumeur disait que la tour de Kigard se trouvait enfoncée dans les fourrés, et que les aventuriers qui parvenaient jusqu’à elle voyaient leurs aptitudes au combat s’accroître considérablement. Pour parcourir le bois, je dus frayer un passage à mes compagnons… Heureusement, j’avais la hache qui me démangeait ! Péniblement, nous réussîmes à y arriver tous sans trop nous marcher dessus dans l'étroit sentier qui se resserrait à mesure que nous approchions.
Ce monument n'était franchement pas des plus esthétiques. Pourtant, il est vrai qu’une fois que je l’eus observée, je me sentis bien plus résistante. Illusion ? Contrecoup de la fatigue du combat ? Ces terres étaient tout de même bien mystérieuses…

Le retour se fit sans encombre. La balade était achevée, plus rien ne nous retenait ici. La petite troupe se concerta et deux groupes se formèrent.
Nerba et Abeline venaient de nous rejoindre, et, avec Leunam et Herle, nous décidions de rester ensemble, et projetions de nous rendre à celle qu’on appelait : La boutique du nord.
Les Avatars de vengeance, décidèrent plutôt de regrouper leurs forces, et furent rejoints par nombre de leurs compagnons. Phobos, qui parcourait la plaine depuis un moment avec nous, resta avec eux, et rejoignit ce clan de valeureux dont l'Histoire reparlerait sûrement un jour. Ils nous saluèrent, les adieux furent brefs et dignes.

L’instant, solennel, se grava dans ma mémoire. Depuis mon arrivée, ici, à Kigard, c’était la première fois que je me fixais vraiment avec un groupe d’aventuriers, durablement. Aucun de nous n'avait d'attaches. Nous cinq, semblions être partis pour passer un bout de temps ensemble. Les projets, doucement, se formaient, et nous prîmes la route. Nous avions tout un futur à bâtir.
Etrangement, le masque s'évanouissait peu à peu. Entourée de confiance, de la gnomette babillante et de l'elfeton assuré, l'avenir, pour la première fois depuis de longues années, depuis ce massacre sanglant, se bordait de roses.
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Message par Elisha Dim 21 Fév 2016 - 19:42




Où le passé se dissout





Saisie de douleur, je contemplais le massacre. J’allais d’un corps à l’autre, gémissant ma peine de les reconnaître. En retenant mon souffle, j’avançais mécaniquement vers ma demeure. Mes tripes me brûlaient de ce que j’imaginais y découvrir. Ce fut bien pire. Les cadavres de mes parents gisaient dans une flaque écarlate. Figées dans l’horreur, leurs expressions faciales m’ôtèrent la vue. Je ne percevais plus rien. Le noir m’engloutit. Je tombai à terre.

A mon réveil, le crépuscule s’annonçait. D'un réflexe morbide, je m’obligeais à continuer de parcourir la mortuaire vallée. Je suppliais les ténèbres de ne l’avoir pas emporté, lui, mon cher et tendre, mon soupirant, mon fiancé, ma raison de croire encore en l'avenir… Mais, l’épée à la main, son corps décapité trônait devant un cadavre humain. Sa tête, vidée de sang, au teint devenu transparent avait roulé quelques mètres plus loin. Je faillis ne pas le reconnaître. Je voulais ne pas le reconnaître. Je vacillai à nouveau, sentant mon esprit s'appesantir et chercher à nouveau à perdre connaissance. Je dus m'asseoir quelques instants pour qu'il reprenne le dessus.


Ivre de dégoût, de tristesse et de hargne, je finis par rejoindre mes trois compagnons d’expédition. Ils s’étaient rassemblés à l’écart du charnier. La peine était tatouée sur leurs figures. Ils avaient, comme moi je le suppose, les traits creusés et la mine défaite. La gravité de leur air bouleversé m'émut aux larmes. Jamais, je n'avais vu chez eux, un autre sentiment que la fierté guerrière.

Ensemble, nous décidâmes d’offrir à nos chers éteints les hommages d’une cérémonie mortuaire grandiose. Avec le bois que nous ramenions et les débris de notre village, nous travaillâmes toute la nuit à dresser un autel crématoire. La lune était pleine, au loin, les corps entassés paraissaient irréels sous cette lueur blanchâtre. Mais cette vision, plutôt que de nous affaiblir, renforçait notre conviction. Ils avaient peut-être perdu la vie dans les outrages de la dégénérescence humaine, mais rien, jamais, ne nous empêcherait de libérer leurs âmes. Sans une parole pour troubler le pesant silence de la nuit, notre tâche fut menée à bien.


Au petit matin, nous avions terminé. La structure de bois était haute comme un orc adulte. Une plateforme gigantesque allait nous permettre d’y déposer la cinquantaine de cadavres. Il fallait que nous nous dépêchions : Même si le printemps ouvrait tout juste ses paupières, le soleil de midi commencerait à empuantir les chairs, et à y attirer les charognards. Il fallait donc que nous fassions éclore le feu avant.

Je ne sais s’il est possible de quantifier l’horreur. Cela faisait deux jours que je travaillais sans relâche, puisque nous venions de rentrer, et nous n’avions pas fermé les paupières de la nuit. Associez à cela les émotions extrêmes et la pénibilité de la tâche qui nous attendait, et vous aurez peut-être une idée de ce que je traversai alors. D’autant que la simple idée d’ingurgiter le moindre contenu me provoquait d’irrépressibles nausées. Je me vidais de ma bile à chaque fois que je passais devant le corps de l’un de mes proches. Mais je serrais les dents. Il fallait tous les transporter. Un cadavre. Un autre. Un autre. Nous les portions à deux pour les hisser sur le bûcher. Mes aînés insistaient pour que je me repose. Rien n’y faisait.

Agir pour ne pas craquer. De l’action. Oui ! De l’action ! Mes muscles endoloris me maintenaient en vie. Ma tâche m’ôtait l’envie que j’avais eu de rejoindre ma famille pour l’éternité. Le temps fila au gré de la mécanique des mouvements. Enfoncée dans ma routine, je ne pensais plus. Le calvaire de l’effort atténuait le crève-cœur que c’était de charrier ainsi l’ensemble de ma tribu. Bientôt, ne restaient au sol, à baigner dans la boue et le sang, qu’une dizaine de corps humains. Je leur crachais à la gueule à chacun de mes passages. Ces chiens avaient probablement assailli le village par surprise, en usant d’une infâme ruse, sinon ils auraient été des centaines à macérer dans la crasse.


Nous laissâmes à Waghat, le plus ancien de nous, l’honneur d’allumer le bûcher. Il sortit une bougie des tréfonds de sa besace, et souffla dessus. Rien ne se passa. Elle demeura éteinte. Pourtant, lorsqu’il l’approcha des brindilles que nous avions entassées au pied du tas de bois, elles s’enflammèrent. Sans un mot, il la rangea et n’offrit à mon regard stupéfait qu’un sourire en guise de réponse.

Les flammes léchaient à présent la structure de notre construction, et commençaient à flirter avec la plateforme. Lentement, une langue après l’autre, la bouche destructrice se prit à consumer le premier corps. Je m’assis, et restai là. Hypnotisée par le feu. Je ne pouvais détacher mon regard des cadavres enflammés. J’observais alors se détruire, du haut de mon jeune âge, tout ce que j’avais toujours connu : des planches de ma hutte à la chair de mes parents. Pourtant, les larmes ne coulaient pas. Je demeurais simplement vide. Comme si mon esprit flottait au-dessus de moi, regardant avec détachement ma carcasse pétrifiée. Je n’avais aucune idée de ce que les autres faisaient durant ce temps. Je n’avais plus conscience de rien.
Lorsque le monticule embrasé ne fut plus qu’un ramassis de cendres, mon regard réintégra mon corps. J’étais seule. Il faisait sombre. A mes pieds se trouvait une note :


« Elisha,
Reste ici, nous sommes partis chercher de quoi reprendre des forces, nous avons besoin de manger, et toi aussi. Tu n’as pas la vitalité pour nous rejoindre. Dors. Je te laisse ceci pour que tu puisses retrouver notre campement provisoire. Nous t’y rejoindrons dans la nuit.
Waghat. »


Sur le papier, était posée la bougie. Je soufflai dessus, et elle s’alluma.


Je me levai, pour obéir à la requête. Mais mes jambes me conduisirent dans la forêt. Il fallait que je m’éloigne de la puanteur des cadavres calcinés. Que je mette de la distance entre l’horreur et moi. L’esprit vidé de toute pensée, j’avançais. Au gré du hasard. Là où l’aléa me conduirait. Je ne sais pas combien de temps j’ai marché ainsi. Ni même quel intervalle mes pieds me firent parcourir. Ce que je sais, c’est qu’au bout d’un moment, je ne pouvais plus. Je ne pouvais plus avancer. Je ne pouvais plus continuer. Je vomis encore, plusieurs fois, une bile qui m’arracha l’œsophage. Je savais que je tremblais, mais je ne le sentais pas. Roulée en boule, sur l’humus qui jonchait le sol de la forêt, je sentis ma vie me quitter doucement. J’exhalai avec résignation mon dernier souffle, et sombrai dans les affres de l’épuisement. Je ne discernai pas ces bras qui se saisirent de mon corps apathique et dépouillé de sève. Je ne percevais plus rien.



Ma petite Elisha,

Je n’ai que quelques années de plus que toi, mais à l’ombre de ce que j’ai vécu, je te l’ordonne :
Epargne-toi ce qui va suivre, je t’en supplie. Prends la bonne décision.
Réveille notre corps décharné, réveille notre âme macchabée
Petite Elisha, épargne-moi mes cicatrices.
Petite Elisha, change nos destinées.
Petite Elisha…

J’écris ce qui t’arrive, et ce souvenir dans ma chair est encore trop présent.
Je me vois, à ta place, encore. Je ressens ta souffrance.
L’aliénation de ton corps qui ne t’appartient plus.
L’avilissement de tes jeunes yeux qui en ont trop perçu.
Le martyr que subit ton âme effarée, perplexe.
Tu n’as plus d’objectif, ta vie n’a plus de sens.
Toute ton existence est ramenée au point mort.
Tu ne veux plus te battre.
Tu ne peux plus te battre.
J’en tremble.

Et ces bras qui t’emportent…

Si seulement, en l’écrivant, je pouvais changer ta fatalité.
Ma petite Elisha, si seulement, en te racontant, je pouvais redevenir toi et recommencer.
Petites quenottes, je t’en supplie, bats-toi ! Résiste à ton étiolement.
Ne laisse pas mon passé se dissoudre.
Ouvre les yeux, et sauve-toi, ma petite Elisha. Je t’en supplie…
Retourne au campement.
Ne laisse pas mon passé se dissoudre.
Ne laisse pas mon passé se dissoudre...





Dans son ouvrage, Orcs : De gentils sauvages, le professeur Albertus Médiocritus, humain, écrit : "Les orcs vivent généralement dans des conditions misérables et dans un chaos constant, et l’intimidation comme la violence brute constituent le ciment de leur culture. Ils règlent les disputes en proférant des menaces toujours plus sinistres et lorsque le rival refuse de céder, le conflit s’intensifie et se transforme en véritable bain de sang. Les orcs qui remportent ces rixes violentes ne se sentent pas seulement libres de prendre ce qui leur plaît au perdant, ils s’adonnent également au viol humiliant, aux mutilations désinvoltes, voire même au meurtre pur et simple. "
*




[hrp] * Source : http://www.pathfinder-fr.org/Wiki/Pathfinder-RPG.orque%20%28race%29.ashx[/hrp]
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Et dans la tête de l'orque ? Empty Re: Et dans la tête de l'orque ?

Message par Elisha Mer 24 Fév 2016 - 22:29




Où l’aventure s’organise… Tout doucement



Nous avancions donc, tous les cinq, en direction de la boutique du nord. Pour quoi faire ? Et bien, déjà pour vider nos sacoches bien pleines, et profiter de l’occasion pour acquérir de nouvelles armes. Et puis... La boustifaille se faisait rare et la présence d'une boutique me faisait saliver d'avance. Ensuite, nous avions pour projet de poursuivre plus au nord, à la conquête des terres glacées, pour rejoindre une elfe bien connue de Leunam.

Ce dernier, donc, était en tête, malgré ses oreilles effilées qui battaient le vent, et il avait une large avance sur les trois gnomes et moi, qui traînassions tranquillement nos carcasses fourbues. Le Namou, comme on se prenait à le surnommer, n'était pas du genre à se laisser aller à la flemmardise. Mais le trio de bas de plafond et moi ne voyions pas de raison de nous presser à sa suite. Pas de raison du tout même...

Sans surprise donc, il arriva bien avant nous à la boutique. Nous l’y retrouvâmes de bonnes heures plus tard, taillant allègrement le bout de conversation et filant sa pipe avec courtoisie à… Von Falken.  L’humain qui avait déjà croisé ma route, et ma hargne méprisante.
Malheureusement, nos deux lascars avaient l’air de s’entendre à merveille. On apprit qu’il avait quitté son clan en quête d’aventures et qu’il projetait de se joindre à nous, à l'invitation de l'elfe. Grande idée… Voilà ma troupe sympathique dotée d’un malfrat aussi laid que détestable, et dire que je commençais à m'y sentir à mon aise... Enfin, qui ne dit mot consent hein ? Je n’y opposais pas particulièrement de refus, malgré une précaution de mise en garde esquissée de ma délicatesse d’orque. Les arguments de Leunam se tenaient, il est vrai que son expérience sur le champ de bataille pourrait nous être utile, et puis, il avait l’air d’avoir rapidement sympathisé avec l’ensemble de mes compagnons.



Nous restâmes un petit temps aux abords de la boutique, et la conversation pour savoir ce que nous ferions ensuite tournait légèrement en rond. Les uns parlaient d'aller au nord, d'autres à l'ouest, d'autres au sud, puis nous revenions sur la première idée avant de bondir à la dernière, et de tout recommencer à l'envers et à reculons. Le moindre détail suscitait d’interminables dialogues qui agrémentaient nos soirs, anoblis par un débit parfois sacrément conséquent, et interrompus uniquement par une arrivée de plus en plus tardive de l’instant de notre coucher. Je n’avais d'ailleurs guère de temps pour me retrouver, et poursuivre le cheminement de mon passé. Mais ce temps était fortement occupé à lier encore un peu les attaches d’une confiance plus ou moins réciproque, selon les gus de ma compagnie. Enfin, avec tous sauf... Oui, vous m'aurez comprise !

Durant les journées, chacun allait à droite, à gauche, pour exploiter au mieux les ressources de ce paisible coin. Pour ma part, j’entrepris de déforester un coup les environs pour me défouler. Je ne sais plus exactement qui tomba en premier sur un gobelin, ce qui est sûr, c’est qu’ensuite tout alla très vite. Pas un instant pour se retourner, dès que nous en achevions un, c’en était deux qui prenaient sa place. Ils arrivaient de toutes parts à mesure que nous essayions de nous organiser. Je fus blessée assez grièvement, mais grâce aux soins d’Abeline ce ne fut vite qu’un souvenir. D’autres passèrent assez proche du trépas, l’humain, qui ne périt malheureusement pas, mais aussi Nerba et Leunam. Serrant les coudes, serrant les rangs, nous ne faillîmes pas malgré tout, et n’eûmes à déplorer aucune perte au mépris du nombre de nos assaillants. Cette bataille me fit prendre conscience de la valeur de mes compagnons, ils frappaient dur, soignaient dru, et c’était un plaisir de s’en prendre une à leurs côtés.



Après ce combat, qui nous souda dans les liens du sang versé, nous cherchâmes à nous définir. Puisque c'était le combat et l'aventure qui nous
maintenaient ensemble, quelles prouesses avions nous comme objectif d'accomplir ? Une gnomillante bien pendue m'y a répondu que nous étions : "Un groupe improbable de largués de la baroude, pas vraiment fixé sur ses projets, des zigs libres et indépendants, sans hiérarchie." J'étais et je suis plutôt d'accord avec elle, et c'est bien ce qui fait notre intérêt d'ailleurs. Je n'aurais pu, à l'heure qu'il est, me conforter aisément dans le rôle d'une aventurière dans un quelconque clan. Ma liberté m'est bien trop précieuse, vitale même à présent. Pour nous présenter, nous décidâmes de nous dénommer les soldats de fortune. Notre histoire n'est pas encore écrite, ce qu'il adviendra de nous, nous n'en savons foutrement rien, mais c'est justement ce qui rend l'aventure aussi excitante, tout est à créer ! Tout est à prévoir ! Et les discussions s'enchaînaient plus longues que jamais au rythme de nos débits.

Pourtant, en écrivant ces lignes, une curieuse impression se joint à moi. Il est assez facile de tenir leur société. Il est plutôt aisé de composer avec ce groupe. Il est même sacrément facile de se dérider parmi eux. Mais j’ai cette constante impression de ne pas y parvenir, d’être fausse, emprunte de conformisme, de ne pas être à ma place parmi ces joyeux drilles. S’en ressent mon humeur, vacillante et imprévisible, qui essaie de s’accorder aux besoins des circonstances, parfois, avec certains cahots, parfois, dans un sacré fiasco. Alors bien sûr, je peux plaider la carte de l’orque hein, c’est si facile de rejeter sa faute sur un préjugé racial… Mais je crois, lecteur, que si tu es arrivé jusqu’ici tu en ressens bien la vacuité.

Ce qu’il y a, surtout, c’est que j’ai du mal à me résoudre d’écrire ce qui vient ensuite, la nuit, cachée, à la lueur de ma pauvre petite bougie, tremblant qu’on me découvre, et prétextant un besoin de sommeil pour m'extraire d'une conversation.
Ce qu’il y a, aussi, c’est que remuer ces souvenirs de la pointe de ma plume me transperce, que je ne dors presque plus, et que j’y pense sans cesse, sans cesse... Même lorsque dans un instant d'égarement je m'esclaffe. Même durant la bataille. J’en fais d’ailleurs des erreurs... Et j'en ai marre de me justifier pour ce que je ne maîtrise pas. J'en ai marre de feindre l'allégresse alors que je me consume d'émotions trop longtemps oubliées. J'en ai marre d'être sociale quand tout me pousse à l'isolement.



Nous avons décidé, demain soir, de nous retrouver tous autour d’un feu de camp à griller des poissons pour célébrer notre victoire, et l’arrivée de Sepertina saine et sauve d’une longue course contre un troll.
Au gré de cette soirée, je leur annoncerai. Je ne peux plus me joindre à eux plus longtemps, il me faut me retrouver, seule avec moi-même. Laisser le masque de l'orque, et m'abreuver de solitude.


Cette décision n'est ni facile à prendre, ni aisée à écrire. Mais je sais que je le ferai. Demain soir, je dresserai pour un temps un étendard personnel.

Elisha
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Et dans la tête de l'orque ? Empty Re: Et dans la tête de l'orque ?

Message par Elisha Jeu 10 Mar 2016 - 23:18




Où le passé s’encrasse




Je m’éveillais sur un sol de pierre, dur et froid. Je ne voyais rien, mais en tâtonnant je m’aperçus que la pièce était exigüe, et entièrement vide, à l’exception d’un seau. La panique m’envahit, et je sombrais dans une angoisse indescriptible, songeant à ma mère et aux cicatrices boursoufflées qui marquèrent sa peau jusqu’à ce que les flammes les engloutissent.
Je ne sais si c’est la petite, traumatisée par le récit des ignominies, ou l’adulte, appréhendant la monstruosité, qui hurlait le plus en moi alors. Ce que je sais, c’est que mon effroi était irrépressible, il me rongeait. La terreur me fit perdre tout contrôle de mon corps. Je ne sais pas si j’ai crié. Je ne sais pas si j’ai pleuré. Je ne sais pas si j’ai perdu connaissance. Je ne sais plus le temps. Je sais la peur, ma plume en tremble, je sens ma peur.


Un instant éternel s’écoula. Soudain, un bruit, une lumière. On entrait. C’était un humain. Il avait de la nourriture. Il me conseilla de reprendre des forces. Il partit.


En explorant mon corps de mes mains tremblantes, je me rendis compte de mon extrême faiblesse. J’avais le sentiment d’être restée plusieurs mois hors de ma conscience, et je me demandais de quand datait mon dernier repas. L’idée que cet humain puisse m’avoir sauvé la vie en me recueillant m’effleura. Mais pourquoi la cage ? Et ce ton si sec ? A ma terreur asphyxiante s’ajouta un insoluble questionnement, que je me ressassais en boucle, perdue en moi, dans le noir. Plus je m’interrogeais, et moins j’y trouvais de réponses… Je me forçais pourtant à avaler un peu de ce qu’on m’avait apporté, effrayée de la fragilité que ma faiblesse physique encourageait.


Un autre instant éternel s’écoula. Soudain, un autre bruit, une autre lumière. Un autre humain.
- Dani veut te voir, bouge !
De nouveau, la vague de panique m’enveloppa. Je me levai, pourtant, et le suivi, pantelante et chancelante au bout d’une chaîne fixée à mes poignets qui me lacérait les chairs à mesure qu’il tirait.

Le Dani en question était un homme dans la force de l’âge, mais rayonnant d’assurance et de bonhommie. Pourtant, il ne chercha pas à dissimuler un profond mépris lorsqu’il me vit arriver. C’était la première fois de ma courte vie que je me sentis aussi peu considérée par un être vivant. Il ne semblait même pas s’adresser à moi lorsqu’il prit la parole :
- Une nouvelle bouche à nourrir … Bon, l’orque, je suis ton maître, tu dois m’obéir, tu commences à travailler demain, ou je t’exécute.

Ca avait le mérite d’être clair et précis… Puis, rigolard, il s’adressa à celui qui m’avait amenée :
- Tu crois qu’elle comprend ? Enfin… Procédure habituelle, tu me la rases, et tu la refous dans son trou. Savent pas la chance qu’ils ont… C’est une cellule trois étoiles par rapport à leurs bouges.

Echaudée de hargne. Glacée de fureur. Je regardais d’un œil torve ce personnage qui pourtant m’était apparu si sympathique. Mais, du bout de ma chaîne, tête baissée, du brouillard plein les yeux, j’obéis. La lame brûla mon crâne, et je sentis choir mes longues boucles. Ma fierté. Ma personnalité. Ma liberté. Tout tomba au sol. Tout. Plus rien. Du bout de ma chaîne, tête baissée, du brouillard plein les yeux, j’obéis, et retournais dans le noir de ma prison. Je fermais les yeux… Je sombrai.


Un autre instant éternel s’écoula. Soudain, un autre bruit, une autre lumière. Un autre humain. Du bout de ma chaîne, tête baissée, du brouillard plein les yeux, j’obéis. Il me conduisit à travers de longs couloirs, jusqu’à ce que nous débouchions sur l’extérieur. D’autres orcs, rasés, indifférenciés, mutiques s’y trouvaient. Notre tâche était simple : Déplacer des cailloux, et faire des tas.  En ces termes. Oui, voilà, c’est tout. Prendre une pierre d’une bonne trentaine de livres dans une carriole, et la déplacer quelques dizaines de mètres plus loin. Là il fallait soigneusement les empiler et les classer par tailles et par formes. Je ne savais même pas pour quoi en faire…

Si nous communiquions, si nous ne bougions rien qu’un orteil de travers, si nous laissions notre corps faiblir, si notre regard déplaisait, si, si… Je ne l’ai jamais su, nous ne revoyions jamais les récalcitrants. Du bout de nos chaînes, têtes baissées, du brouillard plein les yeux, nous obéissions. Pourtant, les liens de nos fers n’avaient rien à envier à la solidité de nos regards compatissants. Certains visages devenaient familiers, mais les disparitions et les nouvelles faces chauves venaient vite embrouiller les complicités naissantes.

Puis toujours le retour à la cellule. La nuit, l’instant éternel, le jour, l’éternité, le noir, les chaînes, le bruit, le silence… Toujours ce silence qui m’asphyxiait. La routine m’anesthésiait.



A la clarté de ma plume, aujourd’hui, je ne peux pas dire que j’ai honte de mon absence de combativité d’alors. De ma passivité. De mon obéissance. Entre la dépersonnalisation et la fatigue physique, je ne suis même pas sûre que mon corps répondait encore à une « moi ». Emmitouflée que j’étais dans une situation qui ne pourrait pas davantage se dégrader, je profitais de ma déchéance pour abandonner complètement ce qui me faisait. Je crois même que je devins alors celle qu’ils voulaient que je sois : Une bête ignare bonne à trimer. Dépossédée…

Un jour, alors que je déplaçais des cailloux pour faire des tas… On vint me chercher. Du bout de ma chaîne, tête baissée, du brouillard plein les yeux, j’obéis.



Dans son ouvrage, Orcs : De gentils sauvages, le professeur Albertus Médiocritus, humain, écrit : « Les orques sont des créatures agressives, impitoyables et dominatrices. Brutes par nature, ils respectent la force et le pouvoir comme les plus hautes vertus. Les orques prennent des esclaves parmi les autres races, les hommes orques brutalisent les femmes orques et les deux genres maltraitent les enfants et les vieillards en s’appuyant sur le principe que quiconque est trop faible pour riposter ne mérite pas plus qu’une vie de souffrance. En permanence entourés d’ennemis acharnés, les orques cultivent leur indifférence à la douleur, leur tempérament cruel et leur enthousiasme forcené à commettre d’indicibles actes de vengeance contre quiconque ose les défier. »
*



[hrp] * http://www.pathfinder-fr.org/Wiki/Pathfinder-RPG.orque%20%28race%29.ashx [/hrp]
Elisha
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